Quand la Nouvelle République, le Point et le Figaro recopient sans le vérifier un billet de blog du Monde, lequel recopiait déjà lui-même sans le vérifier un article de Vice, lequel recopiait lui aussi sans le vérifier un article de Quartz, qui reproduisait sans l'avoir remise en question la déclaration d'un guide, que se passe-t-il ?

Tout ce beau monde se retrouve à dire qu'il existe aux alentours du Louvre un panneau en mandarin interdisant la défécation sur la voie publique, ce qui est purement et simplement faux.

Il suffisait pourtant, si l'on ne voulait pas se rendre sur place, de contacter la Direction de la Communication du célèbre musée pour avoir un démenti immédiat - comme l'ont fait aussi bien Hoaxbuster qu'Atlantico...

Comment une rumeur aussi saugrenue a-t-elle bien pu voir le jour ?

La seule pancarte (rédigée en anglais, en français et en pictogrammes, mais pas en mandarin) qui existe autour du Louvre est celle qui défend de se baigner dans les bassins, dont l'eau non filtrée peut abriter toutes sortes de germes nuisibles pour la santé.

Le guide chinois à l'origine de la rumeur aurait-il été victime d'une confusion ? On pourrait le croire en voyant que le Global Times s'est fait récemment l'écho des critiques adressés aux touristes chinois qui, comme beaucoup d'autres, bravaient cette interdiction.

Sauf que cette polémique est postérieure de quelques mois à sa déclaration, qui n'est donc peut-être tout simplement qu'une exagération destinée à étayer les propos du vice-premier ministre, qui déclarait alors vouloir faire changer les comportements des Chinois à l'étranger (d'après le South China Morning Post).

Mais si l'on en juge par le guide de savoir-vivre à l'usage des touristes que vient d'éditer l'Office du tourisme de Chine (toujours d'après le même journal), les mauvaises manières des Chinois se limitent à se curer le nez en public ou à manger bruyamment...

Quelle que soit l'origine de la rumeur, une chose en tout cas est sûre : elle aurait sûrement amusé Marcel Duchamp.